Staring at the Sun
Ce documentaire de science-fiction en 3D explore les enjeux de la géo-ingénierie solaire : la modification délibérée, à grande échelle, des systèmes climatiques terrestres par la manipulation de l’influence du soleil. À travers divers lieux dans le monde, en donnant la parole à des acteur·rices humain·es et non humain·es, sont examinés des projets en cours de recherche, notamment permis par le développement de la puissance de calcul. Un véritable travail d’enquête sur les technologies novatrices qui redéfinissent notre relation à la planète, tout en brouillant la frontière entre réalité et fiction.
Alors que l’humanité aborde une nouvelle ère de l’ingénierie climatique, Alice Bucknell opère une mise en abîme en embrassant la nature para-fictionnelle et paradoxale du documentaire de science-fiction. Iel recourt aux logiciels, notamment utilisés dans la conception de jeux vidéo, pour créer une narration à la frontière des faits et des fictions, de manière à appréhender les limites poreuses qui séparent avancées technologiques actuelles et imaginaires du futur. Iel examine comment ces limites redéfinissent notre relation au monde: que se passe-t-il quand la carte devient le territoire? quand un environnement complexe est réduit à ce qui est modélisable pour devenir une entité supposément contrôlable?
Dans la version diffusée au mudac du travail d’Alice Bucknell, est montrée la confrontation entre Seth, le P.-D.G. fictif de la start-up Selling Sunsets, et Derecho, un super-ordinateur bien réel du Wyoming qui mouline actuellement des simulations pour déterminer si la géo-ingénierie solaire est pertinente. Depuis le désert nord-américain, Seth vend des petites doses de soufre à injecter dans l’atmosphère grâce à des ballons d’hélium, une solution, argumente-t-il, efficace et bon marché pour atténuer le réchauffement climatique. Face à lui, Derecho, au cœur de vastes forêts, pilote Earth Engine, un programme virtuel de contrôle des émissions de carbone dirigé par la planète elle-même. Ennuyé par la résolution parfaite de ce jumeau numérique, Derecho utilise sa mémoire vive disponible pour imaginer ce qu’il ne peut pas calculer, et se perd dans les nuages en zoomant à l’infini. Ces derniers, fractals parfaits sans échelle, résistent à leur modélisation.