© Alex Nathanson
Solar Protocol est une plateforme web hébergée sur un réseau de serveurs indépendants, alimentés par énergie solaire et répartis dans le monde entier. Le serveur présenté ici contribue à ce réseau : il est le seul en Europe. Fonctionnant de manière intermittente, selon la présence ou non du soleil, il dirige les requêtes des utilisateur·rices vers le serveur générant le plus d’énergie solaire à un instant donné. Véritable alternative aux centres de données énergivores, ce projet prouve que les systèmes numériques peuvent s’adapter aux fluctuations des énergies renouvelables.
Si internet était un pays, il serait à la troisième position mondiale en termes de consommation d’énergie. Les enjeux soulevés par Solar Protocol sont, de ce fait, cruciaux. Le serveur présenté ici appartient à un réseau de serveurs gérés par des bénévoles, qui héberge les données nécessaires pour qu’un·e utilisateur·rice puisse accéder au site web solarprotocol.net. Tel un artist-run space digital, il publie des contenus créatifs numériques accessibles à chacun·e.
Chaque serveur, identique aux autres, est alimenté par un panneau solaire couplé à une batterie dimensionnée pour supporter vingt-quatre heures d’activité environ. Ce couplage confère une connectivité intermittente, dépendante des conditions météorologiques locales, de la durée du jour et des saisons. Le système est conçu en fonction de l’énergie disponible : lorsqu’un·e utilisateur·rice accède au site, sa requête est redirigée vers le serveur bénéficiant du stock d’énergie le plus important et, donc, du cumul d’ensoleillement récent le plus favorable. En déplaçant la priorité de la rapidité à une logique basée sur l’énergie renouvelable disponible, ce projet explore l’automatisation, non pas par l’intelligence artificielle mais par l’intelligence naturelle dérivée des dynamiques planétaires.
Le film Can the Sun Do the Thinking, de Tega Brain, documente les activités humaines des bénévoles qui prennent soin des différents serveurs du réseau en fonction des conditions contextuelles. Il rend hommage aux critères écologiques qui contraignent l’infrastructure nécessaire – et non l’inverse.