Où se niche le précieux dans le bijou contemporain?

19.10.2012 → 22.03.2015
Bague de Johanna Dahm

Le mudac conserve deux ensembles remarquables de bijoux contem­po­rains, sa propre collec­tion et celle de la Confé­dé­ra­tion, en dépôt, pour laquelle il procède à de nouvelles acqui­si­tions. Fortes de près de 200 pièces, ces collec­tions reflètent l’é­ton­nante évo­lu­tion de ce domaine en perpé­tuelle ébul­li­tion. Le mudac devient le premier musée de Suisse à se doter d’une expo­si­tion perma­nente de bijoux contem­po­rains. Il consacre à ces collec­tions une première expo­si­tion thé­ma­tique: Où se niche le pré­cieux dans le bijou contem­po­rain?

Le bijou, si l’on se réfère à sa défi­ni­tion tradi­tion­nelle, est un petit objet ouvra­gé pré­cieux par la matière ou par le travail et servant à la parure. Lorsque les bijou­tiers contem­po­rains s’em­parent des métaux tradi­tion­nels utili­sés pour la fabri­ca­tion de parures, ils bous­culent les conven­tions: l’or est grif­fé, bros­sé, l’ar­gent est noirci, blan­chi, dépoli. Ils acquièrent ainsi une patine bien éloi­gnée du brillant géné­ra­le­ment asso­cié à la parure occi­den­tale.

Si le bijou est réa­li­sé en maté­riaux vils, la pré­cio­si­té appa­raît dans la trans­cen­dance de ceux-ci. Le film en plas­tique alimen­taire devient perle, le billet de banque, camée. Les rebuts de notre socié­té de consom­ma­tion vivent à nouveau dans des bijoux qui magni­fient leur forme. L’in­gé­nio­si­té déployée par certains créa­teurs pour repen­ser les systèmes de fixa­tion, pour réin­ven­ter les attaches du bijou, indis­so­ciable du corps ou du vête­ment sur lequel il se pose, attestent d’une recherche raffi­née. Et par- dessus tout, le point commun entre toutes les œuvres pré­sen­tées ici est le très grand soin appor­té à leur réa­li­sa­tion. Ces bijoux témoignent de l’in­tel­li­gence de la main.

Le bijou contem­po­rain: repères

Le bijou contem­po­rain s’est affran­chi, dès les années soixante, d’une tradi­tion consi­dé­rée comme dévi­ta­li­sée et d’une produc­tion indus­trielle inféo­dée aux lois du marché. Reven­diquant un statut artis­tique à travers la diver­si­té des esthé­tiques (du mini­ma­lisme puriste à la fantai­sie débri­dée, de l’abs­trac­tion à la figu­ra­tion), les créa­teurs ont été nombreux à dépas­ser la fonc­tion déco­ra­tive pour s’in­ter­ro­ger sur les dimen­sions sociales, cultu­relles et rela­tion­nelles du bijou.

Dans les années quatre-vingt, le bijou contem­po­rain s’est montré clai­re­ment contes­ta­taire. Explo­rant ses limites, utili­sant quelque­fois la perfor­mance et l’ins­tal­la­tion, il s’est rappro­ché de l’art contem­po­rain. Toute­fois depuis une ving­taine d’an­nées, le bijou contem­po­rain est autant le lieu de mani­festes que le moyen de reven­diquer, en toute liber­té, une expres­sion tout indi­vi­duelle, celle du créa­teur autant que celle de l’ac­qué­reur.

Vue de l'exposition Où se niche le précieux dans le bijou contemporain?
Bracelet Scampi de David Bielander
Collier Frozen de Susanne Klemm
Collier de Sophie Hanagarth
Collier Noce de Serena Sieber-Fuchs
Bracelet de Sonia Morel
Bracelet Rhizome de Christoph Zellweger