The Abysses of the Scorching Sun
Dans cette installation cinétique, un objet technique imposant poursuit lentement la course du soleil. Grâce à un dispositif de projection de lumière et de réflexion, il génère des images prismatiques en mouvement, qui paraissent reproduire la fusion des atomes au cœur du soleil. Est-ce l’anxiété collective face à un avenir écologique incertain qui est ici partagée ? La fragilité de notre existence en regard de l’infini du cosmos ? La détermination des êtres humains à survivre, quitte à recréer des astres artificiels ?
The Abysses of the Scorching Sun pointe les relations entre le temps, l’infini, le réchauffement climatique et la place de l’humanité dans un univers en mouvement perpétuel. Le perpetuum mobile fait référence à un système hypothétique qui pourrait fonctionner indéfiniment sans source d’énergie extérieure. À l’inverse d’un cadran solaire – utilisé jadis pour indiquer l’heure par l’ombre portée d’un gnomon en fonction de la position du soleil –, ce dispositif dirige, dans un espace protégé de la lumière naturelle, les faisceaux d’une source artificielle vers le soleil, quelle que soit sa position. Ces rayons créent, par des mécanismes de réflexion et de diffraction, des motifs colorés qui évoluent au fil de la journée. Les projections prismatiques sur les murs évoquent ainsi l’œil d’une tempête, ce moment suspendu entre calme et chaos, à la frontière de l’instabilité. Si les cycles, accompagnés d’une composition sonore continue, rendent tangible le mouvement perpétuel du soleil, ils expriment aussi un équilibre fragile, déstabilisé par l’entropie.
La présence éminente de la machine donne un indice : les humains, créateurs de dispositifs technologiques, seraient-ils en cause ? Notre désir d’intervenir sur des forces infiniment plus vastes, comme le soleil, est-il légitime ? L’installation nous place dans le cosmos, face à la trivialité de nos existences et, paradoxalement, nous révèle l’outrecuidance de certaines de nos prouesses technologiques.