Photo­gra­phies de Martin Parr

Martin Parr, 1997-2018
Actuellement visible dans l’exposition “Soleil·s

© Agence Muto

Martin Parr est un véri­table chro­niqueur de notre époque. Face au flot gran­dis­sant d’images diffu­sées par les médias, ses photo­gra­phies nous offrent la possi­bi­lité de voir le monde de son point de vue unique.

Au premier abord, ses photo­gra­phies semblent déme­su­rées, voire grotesques. Les motifs choi­sis sont étranges, les couleurs criardes et les pers­pec­tives inha­bi­tuelles. Pour Parr, le pouvoir écra­sant des images publiées relève de la « propa­gande ». Il oppose à cette propa­gande les armes qu’il a lui-même choi­sies : la critique, la séduc­tion et l’hu­mour. Ses photo­gra­phies sont donc origi­nales et diver­tis­santes, acces­sibles et intel­li­gibles. Mais simul­ta­né­ment, elles nous montrent de manière péné­trante comment nous vivons, comment nous nous présen­tons aux autres et ce à quoi nous atta­chons de l’im­por­tance.

Les loisirs, la consom­ma­tion et la commu­ni­ca­tion sont les concepts que ce photo­graphe britan­nique étudie depuis plusieurs décen­nies au cours de ses voyages dans le monde entier. Il examine ainsi les carac­té­ris­tiques natio­nales et les phéno­mènes inter­na­tio­naux afin de déter­mi­ner leur valeur en tant que symboles qui aide­ront les géné­ra­tions futures à comprendre nos parti­cu­la­ri­tés cultu­relles. Parr nous permet de voir des choses qui nous semblaient fami­lières d’une manière tota­le­ment nouvelle. Il crée ainsi sa propre image de la société, ce qui nous permet de combi­ner une analyse des signes visibles de la mondia­li­sa­tion avec des expé­riences visuelles inha­bi­tuelles. Dans ses photo­gra­phies, Parr juxta­pose des images spéci­fiques à des images univer­selles sans résoudre les contra­dic­tions. Les carac­té­ris­tiques indi­vi­duelles sont accep­tées et les excen­tri­ci­tés sont appré­ciées.

Les thèmes choi­sis et le trai­te­ment inimi­table qu’il en fait le distinguent en tant que photo­graphe dont le travail implique la créa­tion de séries éten­dues. Une partie de sa stra­té­gie inha­bi­tuelle consiste à présen­ter et à publier les mêmes photos dans le contexte de la photo­gra­phie d’art, dans des expo­si­tions et des livres d’art, ainsi que dans les domaines connexes de la publi­cité et du jour­na­lisme. Il trans­cende ainsi la sépa­ra­tion tradi­tion­nelle entre les diffé­rents types de photo­gra­phie. Grâce à cette approche inté­gra­tive, ainsi qu’à son style et à son choix de thèmes, il sert depuis long­temps de modèle à la jeune géné­ra­tion de photo­graphes.

Martin Parr sensi­bi­lise notre subcons­cient – et une fois que nous avons vu ses photo­gra­phies, nous conti­nuons à décou­vrir ces images encore et encore dans notre vie quoti­dienne et à nous y recon­naître. L’hu­mour de ces photo­gra­phies nous fait rire de nous-mêmes, avec un senti­ment de recon­nais­sance et de libé­ra­tion.

– Thomas Weski

Crédits
Beni­dorm, Spain, 1997
Beni­dorm, Spain, 1997
Beni­dorm, Spain, 1997
Dakar, Sene­gal, 2001
Cuba, 2001
Gucci Cruse, Cannes, France, 2018

© Martin Parr / Magnum Photos

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