© Saskia Knobel
Have a Nice Day est un soleil artificiel en forme de tapisserie. Les visiteur·euses sont invité·es à profiter de sa chaleur, des sons et des fréquences lumineuses qu’il émet via différents dispositifs technologiques qui sont agrégés. L’installation considère ainsi le soleil comme une batterie cosmique qu’on peut à souhait répliquer et rediriger pour des usages aussi divers que la réhabilitation cellulaire, la lutte contre le vieillissement de la peau ou encore pour stimuler la fertilité. Entre menace et bienveillance, le sentiment ambivalent ressenti est bien celui de notre époque.
L’installation Have a Nice Day explore le soleil comme une énergie domestiquée, réemployée à différentes fins. Dans une époque empreinte de techno-science, elle reflète notre rapport ambivalent à l’astre : autrefois symbole de vie, le soleil est aujourd’hui rendu responsable du réchauffement climatique et de nombreux cancers. Par son caractère immersif, l’installation engage les visiteur·euses à expérimenter physiquement la tension entre contrôle et dépendance, entre éros et thanatos, évoquant ainsi les enjeux critiques du rapport de l’humain à son environnement et à son corps.
Le projet puise dans des réflexions philosophiques et scientifiques, en premier lieu dans le cosmisme russe qui lie destinée humaine, conquête du cosmos et technologie. La Part maudite (1949) de Georges Bataille, essai dans lequel le soleil incarne une énergie débordante, aussi créatrice que destructrice, est également une source d’inspiration. Ces influences nourrissent une interrogation contemporaine : comment canaliser cette force incommensurable sans exacerber les déséquilibres qu’elle engendre ? Dans un monde technologique en mutation, Have a Nice Day propose une expérience corporelle immersive, transformant les angoisses liées au climat en une réflexion esthétique. Par sa lumière artificielle, l’installation éclaire les paradoxes de notre époque : maîtrise du vivant et perte possible de son essence.