Fellaria’s Time Capsule
Cette capsule temporelle permet à un morceau de biodiversité de voyager dans un futur probable. La sphère de deux mètres de diamètre intègre un appareillage technologique capable de créer les conditions qu’une parcelle de terre pourrait connaître en 2070 – en l’espèce un morceau de territoire situé sous le futur ex-glacier Fellaria, en Lombardie. Entre adaptation et disparition, entre mort et vitalité, la simulation pose le débat : doit-on regarder le glacier s’en aller, ou la prairie s’installer ?
Grâce à un ensemble de technologies sophistiquées – des lampes reproduisant un spectre solaire amplifié, des surfaces réfléchissantes imitant un rayonnement plus intense, un système d’irrigation générant les fluctuations importantes –, ce microcosme autonome développe un fragile équilibre. Écrin à la fois magnifique et mortifère, il accueille une végétation symbolique. Si certaines espèces prospèrent dans cet environnement futuriste, elles le font au détriment des glaces dites éternelles et désormais fondues.
Plus qu’une prouesse technologique, cette installation appréhende la complexité de nos postures actuelles face aux transformations radicales des écosystèmes vivants. Les capacités technologiques dont nous disposons permettent bien de reproduire, comme on le ferait dans une navette spatiale, les conditions de la vie. Nous sommes tentés de croire que la technologie pourrait réparer les déséquilibres écologiques qu’elle a contribué à créer, que nous pourrions orienter cette puissance artificielle vers la sauvegarde des écosystèmes menacés et, pourtant, c’est manifeste, la vitalité qui se déploie dans cette capsule nous enjoint à adopter une autre attitude. Telle une synecdoque, cette sphère rappelle en effet que la vie est un miracle. Ne rend-elle pas hommage à la Terre, l’unique planète connue à ce jour qui abrite la vie ? Telle une miniature de la biosphère, elle recadre notre puissance technologique. Les forces qui permettent la vie, même à l’heure des désastres, sont bien cosmiques – et pas qu’humaines.