Droit au jour

Actuellement visible dans l’exposition “Soleil·s

© Cynthia Ammann

Le « droit au jour » est la simu­la­tion d’une admi­nis­tra­tion qui régu­le­rait formel­le­ment l’ap­port en lumière natu­relle des citoyen·nes pour leur bien-être. Les visi­teur·euses sont amené·es à suivre les diffé­rentes étapes bureau­cra­tiques permet­tant d’ap­pliquer ce nouveau droit, large­ment empiété depuis l’in­ven­tion de l’am­poule élec­trique. Vous ressen­tez une fatigue au réveil, ou une légère dépres­sion en hiver ? C’est que vos droits au jour sont enfreints et, après analyse de votre situa­tion, vous pour­rez repar­tir avec des docu­ments offi­ciels qui recon­naissent vos besoins.

© Cynthia Ammann

© Cynthia Ammann

© Cynthia Ammann

Les visi­teur·euses sont invi­té·es à se rendre à l’an­tenne locale, en libre-service depuis l’ins­tau­ra­tion de l’auto-admi­nis­tra­tion, de l’Of­fice canto­nal du jour. Cet orga­nisme attri­bue à tous et à toutes un droit inalié­nable à la lumière natu­relle, en tenant compte des proprié­tés physio­lo­giques et psychiques de chacun·e, avec la garan­tie d’un ajus­te­ment des struc­tures collec­tives et sociales. Née d’une mobi­li­sa­tion citoyenne et scien­ti­fique contre les logiques produc­ti­vistes niant l’ac­cès essen­tiel au jour, cette struc­ture sensi­bi­lise au chro­no­type – horloge biolo­gique souvent igno­rée – et aux besoins spéci­fiques en lumière. Elle four­nit des docu­ments pour adap­ter emploi du temps et accès prio­ri­taire aux espaces lumi­neux. Enga­gée dans la préven­tion des pratiques nocives au jour, elle dispense des conseils pour ajus­ter son compor­te­ment aux besoins jour­na­liers en lumière natu­relle.

Cette fiction poli­tique inter­roge sur l’ac­cès à la lumière natu­relle, enjeu crucial de santé publique et écolo­gique encore absent des prio­ri­tés gouver­ne­men­tales. Les inéga­li­tés crois­santes, l’ur­ba­ni­sa­tion, la pollu­tion lumi­neuse, le temps passé devant les écrans et la décon­nexion des rythmes sociaux par rapport aux cycles natu­rels perturbent notre santé. Cette simu­la­tion nous rappelle que, malgré la tech­no­lo­gie et la crois­sance écono­mique, nous restons des êtres biolo­giques vivant sur une planète en orbite solaire. En inscri­vant le droit au jour dans une démarche de design-fiction éclai­rée par la science, elle invite à repen­ser la lumière natu­relle comme un bien commun à proté­ger et un champ poten­tiel de santé publique. Elle propose des outils hypo­thé­tiques pour rele­ver ce défi, tout en affir­mant que la tech­no­lo­gie n’est pas toujours la solu­tion.