Le « droit au jour » est la simulation d’une administration qui régulerait formellement l’apport en lumière naturelle des citoyen·nes pour leur bien-être. Les visiteur·euses sont amené·es à suivre les différentes étapes bureaucratiques permettant d’appliquer ce nouveau droit, largement empiété depuis l’invention de l’ampoule électrique. Vous ressentez une fatigue au réveil, ou une légère dépression en hiver ? C’est que vos droits au jour sont enfreints et, après analyse de votre situation, vous pourrez repartir avec des documents officiels qui reconnaissent vos besoins.
Les visiteur·euses sont invité·es à se rendre à l’antenne locale, en libre-service depuis l’instauration de l’auto-administration, de l’Office cantonal du jour. Cet organisme attribue à tous et à toutes un droit inaliénable à la lumière naturelle, en tenant compte des propriétés physiologiques et psychiques de chacun·e, avec la garantie d’un ajustement des structures collectives et sociales. Née d’une mobilisation citoyenne et scientifique contre les logiques productivistes niant l’accès essentiel au jour, cette structure sensibilise au chronotype – horloge biologique souvent ignorée – et aux besoins spécifiques en lumière. Elle fournit des documents pour adapter emploi du temps et accès prioritaire aux espaces lumineux. Engagée dans la prévention des pratiques nocives au jour, elle dispense des conseils pour ajuster son comportement aux besoins journaliers en lumière naturelle.
Cette fiction politique interroge sur l’accès à la lumière naturelle, enjeu crucial de santé publique et écologique encore absent des priorités gouvernementales. Les inégalités croissantes, l’urbanisation, la pollution lumineuse, le temps passé devant les écrans et la déconnexion des rythmes sociaux par rapport aux cycles naturels perturbent notre santé. Cette simulation nous rappelle que, malgré la technologie et la croissance économique, nous restons des êtres biologiques vivant sur une planète en orbite solaire. En inscrivant le droit au jour dans une démarche de design-fiction éclairée par la science, elle invite à repenser la lumière naturelle comme un bien commun à protéger et un champ potentiel de santé publique. Elle propose des outils hypothétiques pour relever ce défi, tout en affirmant que la technologie n’est pas toujours la solution.