L’héliotropisme, l’attraction solaire, dépasse le cadre biologique pour englober une riche dimension culturelle. Ce besoin de lumière façonne les espaces de vie et les pratiques humaines. Depuis l’Antiquité, les civilisations égyptienne et méso-américaine ont vénéré le soleil comme force divine et régulatrice d’espaces. Temples et architectures traduisent cette symbiose entre cycles solaires et habitats.
Outre le sacré, le soleil structure aussi les pratiques sociales et matérielles. Dans le monde rural, il dicte semailles et récoltes, impose aussi des rythmes festifs, telles les célébrations des moissons ou des solstices. Avec l’industrialisation, la relation au cycle solaire a évolué : l’urbanisation a renforcé une quête de lumière, illustrée par le développement des sanatoriums au XXe siècle. Ces établissements d’altitude, aux terrasses orientées plein sud, exploitent la lumière naturelle pour ses vertus curatives. De même, les plages, autrefois délaissées, sont devenues des lieux de sociabilité et de loisir grâce aux congés payés. Symbole de bonne santé et d’esthétique corporelle, le bronzage y est érigé en phénomène culturel, lié à l’essor des produits cosmétiques.
Le soleil influence également les déplacements humains, entraînant des mouvements migratoires vers les régions ensoleillées, ou suscitant l’engouement pour des destinations touristiques baignées de lumière. Cette quête de soleil, motivée par des questions de santé et de bien-être, a transformé les territoires : les complexes balnéaires comme les sites luxueux, tel Sun City, offrent une expérience déconnectée de la réalité environnante.
D’abord relégué à un rôle symbolique par l’industrialisation, le soleil revient désormais au centre des préoccupations écologiques. L’essor des technologies solaires, des panneaux photovoltaïques aux projets architecturaux, traduit un effort de réconciliation entre les humains et cette ressource durable. Ainsi l’héliotropisme, au croisement de la biologie, de la culture et de l’espace, souligne-t-il la richesse des liens avec le vivant. Des terrasses de sanatoriums aux habitats modernes, chaque lieu témoigne d’une quête perpétuelle d’harmonie avec cet astre indispensable, bien plus qu’une simple source de lumière, qu’est le soleil.
Monte Verità
© Fondazione Monte Verità, Fond Harald Szeemann
Sous le soleil des sanatoriums
© Fonds Rollier. Commune de Leysin
Sur la plage
© Anonyme, Robert August pendant le tournage de The Endless Summer, 1966, collection privée, tous droits réservés
Sea, Sex and Sun
© mudac, collection de la Ville de Lausanne