Poli­tique de la mémoire: (in)visi­bi­lité des desi­gners femmes et mino­ri­tés de genre

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Réflé­chir aux archives du design en Roman­die a mené le musée à ques­tion­ner la repré­sen­ta­tion des femmes et des mino­ri­tés de genre parmi les desi­gners, à la fois en tant que créa­trices et sources d’ins­pi­ra­tion, dans ses collec­tions et au-delà. Jusqu’aux début des années 2000, peu de femmes et de mino­ri­tés de genre figu­raient dans les collec­tions du musée, notam­ment dans les domaines du design indus­triel et du graphisme. En revanche, elles appa­raissent de manière nette­ment plus signi­fi­ca­tive dans le bijou contem­po­rain, mettant en lumière une dimen­sion genrée des œuvres conser­vées au sein du mudac.

Le projet Spirits. Excellent for the head présenté lors de la Design Week de Milan en 2023, et récem­ment entré dans la collec­tion du musée, offre une réponse posi­tive à cette problé­ma­tique. Conçu par les étudiant·e·s du Master Espace et Commu­ni­ca­tion de la HEAD – Genève, ce projet célèbre le travail de desi­gners femmes à travers une série de verres et de cock­tails, rendant hommage à des figures telles que Ray Kaiser-Eames, Sophie Taeu­ber-Arp ou encore Eileen Gray, long­temps négli­gées dans l’his­toire du design. Bien que ce projet ne se concentre pas spéci­fique­ment sur les créa­trices romandes, il illustre comment, en Roman­die, des initia­tives récentes s’ins­pirent du travail de desi­gners femmes pour créer de nouveaux récits, souli­gnant ainsi l’im­por­tance de préser­ver leur héri­tage au sein du terri­toire local.

Cela soulève des inter­ro­ga­tions quant au rôle des archives du design romand dans la préser­va­tion du travail de ces desi­gners pour les géné­ra­tions futures. En effet, se pose notam­ment la ques­tion: comment déve­lop­per des stra­té­gies effi­caces pour iden­ti­fier, docu­men­ter et préser­ver leurs contri­bu­tions dans la collec­tion du musée? Mais égale­ment, quelles sont les réflexions des desi­gners elles-mêmes sur la situa­tion, en tant que prin­ci­pales concer­nées? Le musée souhaite ainsi ouvrir une réflexion sur les profils des personnes dont il conserve et valo­rise le travail, afin de corri­ger d’éven­tuels biais dans sa poli­tique d’ac­qui­si­tion et d’ex­po­si­tion.